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Le puy Griou et les autres ...

alexandre vialette

Siècle étonnant où le progrès de la veille est déjà en avance sur le progrès du lendemain ! Il dépasse ses progrès d’avance, il anticipe sur l’anticipation.

Il n’est plus interdit de penser que l’homme va arracher bientôt à la nature le secret de ses derniers mystères. Ce n’est plus un songe, c’est pour demain. Au lieu de déplacer des monts, de barrer des vallées, d’engloutir des villages, et d’en noyer le clocher avec le sacristain, au lieu de bâtir des centrales atomiques au prix de ces travaux titanesques et de ces massacres de bovins, l’homme trouvera des recettes si simples qu’elles permettront à un enfant de tirer l’énergie d’un roseau : il fera du feu rien qu’en frottant deux morceaux de bois ; il y en a partout dans la nature ; c’est le miracle à portée de la main.

Qu’on ne se moque pas. Les historiens affirment avec foi, les préhistoriens avec preuves, qu’il y eut de telles civilisations. Chacun avait pour ainsi dire dans son gousset sa propre centrale thermique. Chacun pouvait tout seul et n’importe où, reconstituer la civilisation humaine.

L’homme découvrira dans son corps la possibilité de traverser les fleuves par des combinaisons de mouvements qui le propulseront sur l’eau sans le secours d’aucune embarcation. Il apprendra à faire sortir du coin du sol où il se trouvera, à l’aide de ses seules mains et d’instruments très simples, tout ce qu’il faudra pour le nourrir : des légumes frais, des fruits juteux ; des herbes vénéneuses pour son voisin de palier, purgatives pour son chien fidèle.

Ce sera la fin des navires, des conserves, des astronefs. Il aura dépassé la civilisation du paquebot et de l’obus dans la lune.

En matière zoologique, il dépassera celle de la seringue, de la semence artificielle et de toutes les complications qui entourent la naissance de l’homme d’une odeur de laboratoire depuis l’observation de la parthénogénèse. Il saura découvrir dans son propre organisme des secrets d’insémination qui assureront sa reproduction par un mécanisme très simple.

Il fera lui-même ses enfants.

Peut-être même y prendra-t-il du plaisir.

(La civilisation du Schmilblick – La Montagne – 14 mai 1957)

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La plus féroce était l’amibe : l’amibe, bestiole sans âme, sans pattes, sans tête, sans cœur, grossièrement composée d’elle seule ; l’opposé, le contraire de l’homme et de l’Auvergnat, qui se composent, d’une façon compliquée, de la tête, des bras, des jambes et d’une âme immortelle, sans compter le colon descendant.

Ennemie jurée du colon descendant, l’amibe s’y tapit en cachette. Elle décima la race humaine.

Que lui opposer ? Les eaux de Châtel.

(Des jardins et des songes – Spectacle du Monde – Septembre 1970 – Repris dans « Antiquité du grand chosier »)

Un peu de Vialatte avant la messe dominicale

« Rien n’est plus étrange que la mer. Elle part, elle vient, repart, revient, elle se berce ; et elle fait des songes. Elle rêve des îles, des ports et des soleils couchants ; au sud, à l’horizon, elle rêve Alexandrie, mirage nacré, impalpable vapeur, jeu d’étincelles ; au nord, houleuse et couleur de hareng, elle rêve de grands clairs de lune, et les phares de la côte anglaise. Elle rêve les jonques, et les lanternes vénitiennes, les éponges et les madrépores, elle rêve de tout, elle se nourrit de reflets et rejette des coquillages, des baleines mortes et des cadavres de marins ; elle enfante surtout les nuages, formes mouvantes comme les sculptures de Brancusi, qui s’entre-effacent et s’entre-engendrent à la façon des musiques de Mozart : la mer est un sculpteur abstrait ».

(Alexandre Vialatte, Chimies oniriques de la mer, chronique de La Montagne).

La plus féroce était l’amibe : l’amibe, bestiole sans âme, sans pattes, sans tête, sans cœur, grossièrement composée d’elle seule ; l’opposé, le contraire de l’homme et de l’Auvergnat, qui se composent, d’une façon compliquée, de la tête, des bras, des jambes et d’une âme immortelle, sans compter le colon descendant.

Ennemie jurée du colon descendant, l’amibe s’y tapit en cachette. Elle décima la race humaine.

Que lui opposer ? Les eaux de Châtel.

(Des jardins et des songes – Spectacle du Monde – Septembre 1970 – Repris dans « Antiquité du grand chosier »)

Un peu de Vialatte avant la messe dominicale

Ou alors il faut lire Colette. Flammarion la réédite toute.

Il y a des écrivains qui écrivent avec leurs mains, et certains avec leurs pieds, beaucoup avec leurs yeux, leur tête (ils ont des têtes grosses comme des montgolfières).

Colette écrit avec son nez.

C’est une chatte dans la valériane. Grisée d’odeurs et de sensations. Il n’est pas une odeur dont elle ne sache rendre compte avec une plume et avec des mots. Et c’est un joli tour de force (essayez de raconter l’odeur de la violette).

Tout ce qui se hume, se sent, se renifle, se goûte, elle y est chez elle, c’est son domaine, et même sa création. Et aussi tout ce qui se touche, se palpe ou se caresse. Tout ce qui se tripote.

Tout son génie est dans son nez, dans ses doigts et dans ses muqueuses. C’est par elles que, parfois, elle arrive jusqu’à l’âme, et toujours à la poésie. La poésie est affaire de précision. C’est une des hautes leçons qu’elle donne.

(Chronique du ciment qui s’effrite et du persil qui se raréfie - La Montagne – 21 février 1971)

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Le puy Griou et les autres ...

Je parle bien entendu du puy Griou qui fait partie du stratovolcan cantalien et de mes autres centres d'intérêts ! la photographie, la lecture et les livres qui retiennent mon attention, la petite et la grande histoire, mes parcours en Europe, la cuisine ...

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